Premier test de la boisson et du gel énergétique Maurten

Par Guillaume Judas – Photos : 3bikes / DR

Maurten est une jeune marque suédoise de nutrition sportive créée en 2015 et qui s’est rapidement imposée comme innovante au point d’être utilisée par le marathonien Kenenisa Bekele dès le marathon de Berlin en 2016. Maurten est aujourd’hui impliquée dans le projet Sub2, qui vise à amener un homme sous les deux heures pour parcourir les 42,195 km d’un marathon.

Pour toutes les épreuves de fond ou de demi-fond, l’apport énergétique, et notamment en glucides (sucres lents et rapides), revêt une importance capitale avant, pendant, et après l’effort (pour accélérer la récupération et éventuellement enchainer avec une nouvelle épreuve ou un nouvel entrainement difficile le lendemain). Mais le problème rencontré en cas de fort besoin concerne l’assimilation de ces glucides, surtout pendant l’effort. L’estomac ne supporte pas correctement les fortes concentrations de sucre, avec un risque élevé de vidange gastrique plus lente et de détresse gastro-intestinale. Nombreux sont ainsi les coureurs ou triathlètes à avoir connu au moins une fois ces phénomènes fort handicapants pendant ou après l’effort (nausées, douleurs à l’estomac ou aux intestins, vomissements, diarrhées…).

C’est pour cette raison que la plupart des boissons énergétiques se limitent à 7 % de glucides une fois qu’elles sont mélangées et préparées, une limite jusque là considérée impossible à franchir pour respecter les capacités d’assimilation de l’organisme.

La solution des hydrogels

Mårten Fryknäs, l’un des cofondateurs de Maurten (le nom de la marque est son prénom avec l’alphabet international) est un scientifique mais aussi un triathlète qui a déjà été confronté à ce problème. Il a l’idée dès 2015 d’encapsuler les glucides dans des hydrogels, un procédé déjà utilisé dans l’industrie agroalimentaire et tant qu’épaississant et structurant. Contrairement à ce qu’on pourrait penser au premier abord, les hydrogels sont totalement naturels. Il s’agit d’une structure à base de biopolymère et d’eau contenant de très petits pores. Un hydrogel ressemble et se comporte un peu comme une éponge de cuisine. La marque a ainsi trouvé le moyen d’enrichir la structure de la source d’énergie la plus efficace au cours de l’effort, c’est-à-dire les glucides.

Les hydrogels des produits énergétiques Maurten sont conçus à partir de la combinaison de deux ingrédients naturels.

Les hydrogels des produits énergétiques Maurten sont conçus à partir de la combinaison de deux ingrédients naturels : l’alginate (extrait des parois cellulaires des algues brunes) et la pectine (que l’on trouve dans les pommes, les citrons, les carottes et les tomates par exemple). Combinés dans des conditions optimales, l’alginate et la pectine forment un hydrogel sensible au pH. Lorsque la boisson rencontre l’environnement acide dans l’estomac, se crée instantanément un hydrogel, un matériau semblable à une gelée, qui encapsule les glucides. C’est comme un moyen de transport vers l’intestin.

Grâce à ce procédé, Maurten a ainsi pu concevoir une boisson qui contient deux fois plus de glucides (soit 14 %) que ce qui a été considéré jusque là comme tolérable par l’organisme.

La gamme Maurten

Seulement trois produits figurent au sein de la gamme Maurten.

D’abord la boisson 320, qui contient 80 g de glucides par portion de 500 ml, soit 320 calories (1 g de glucide correspond à 4 calories). C’est la boisson la plus riche du monde dans le domaine, et ce mélange peut être consommé en une heure sans occasionner de désordre gastrique, et tout en apportant l’hydratation nécessaire. Mais attention toutefois au dosage. Car il convient de respecter les recommandations de la marque au niveau du mélange, et quelle que soit la température, afin que puissent se créer les hydrogels une fois dans l’estomac (et donc la bonne assimilation). Là où ça se complique pour nous cyclistes et triathlètes, c’est qu’un bidon classique pour le vélo contient 600 ml, et non 500.

Ensuite la boisson 160, qui contient 40 g de glucides par portion de 500 ml, soit 160 calories. Comme la boisson 320, la 160 contient une proportion de 2/3 de glucides lents et de 1/3 de sucres rapides. Mais la différence se situe au niveau de la concentration, ce qui permet de consommer deux bidons de 500 ml, soit 1 litre par heure de liquide en cas de forte chaleur, tout en conservant le même apport de glucides.

Enfin, le gel 100 ne contient que des sucres rapides, avec 25 g par portion, soit 100 calories d’un coup, et il est ainsi possible d’en consommer jusqu’à 4 par heure, toujours sans inconfort gastrique grâce à l’hydrogel.

Ce sont ces deux derniers produits que nous avons testés, bien que le terme « tester » soit un grand mot, reconnaissons-le. Nous ne pouvons que nous fier à nos sensations pour tenter d’infirmer ou de corroborer les affirmations de la marque, par manque de compétences dans le domaine ou de moyens scientifiques.

Un goût neutre et agréable

Reste que dans certaines conditions comparables, il est possible de s’apercevoir de l’intérêt de prendre soin de son alimentation et de son hydratation pendant l’effort. Prenons l’exemple de l’habituel sirop dans le bidon, une solution économique choisie par beaucoup de cycliste encore. Pour notre part, il est difficile de dépasser trois heures d’effort sans ressentir une baisse très nette de régime, plus encore qu’en ne consommant que de l’eau, à cause du pic de glycémie provoqué par le sucre du sirop. Moins riche en calories ou mieux diluée en sucres, la solution du jus de fruit avec un peu d’eau nous permet de prolonger l’effort. Mais c’est bien sûr avec les produits énergétiques que les entrainements sont les plus longs et les plus efficaces. Se pose alors le problème du goût, très difficile à supporter dans certains cas, avec une sensation de bouche pâteuse ou une soif encore plus présente.

La boisson Maurten 160 ne présente aucun de ces désagréments. Elle est conçue sans saveur ajoutée, sans saveur artificielle, sans conservateur ni colorants. Et ça fait une sacrée différence, d’abord sur la facilité à consommer le contenu du bidon, sans rechigner au goût sucré même après plusieurs heures d’effort. Son goût est neutre, difficilement définissable, avec simplement l’impression d’ingurgiter une boisson très légèrement épaisse, avec comme des petites bulles que l’on ressent au fond du palais.

Quant au gel, il est d’une facilité d’utilisation étonnante. Oubliez ce mélange de sucre et d’eau colorée que vous connaissez habituellement. On ouvre le sachet, et on aspire d’un coup une sorte de pâte sans goût sucré mais douce et fraîche au palais, parfaitement définie dans ses contours, qui ne coule pas ou ne tâche pas en dehors du sachet. L’idéal d’abord pour remettre le sachet vide dans la poche sans s’en mettre partout. Ensuite, une fois dans la bouche, on l’avale comme une gelée, ni plus ni moins. Ce gel 100 repose sur le même concept que les boissons, mais l’hydrogel est ici formé en cours de production, en combinant de l’alginate de sodium et du carbonate de calcium dans des conditions précises, et non au contact de l’acidité de l’estomac.

Oubliez ce mélange de sucre et d’eau colorée que vous connaissez habituellement.

Ce gel peut être consommé à la place des boissons 160 et 320 (mais avec de l’eau en complément), ou en complément, sachant toutefois que sa composition est destinée plutôt à favoriser les besoins immédiats en sucres, et non à maintenir la glycémie sur un effort plus long comme les boissons. Attention également à éviter de dépasser la dose maximale de 90 à 100 g de glucides par heure pour l’inconfort gastrique, une dose déjà presque atteinte avec 500 ml de boisson 320.

Vraiment une révolution ?

Il est difficile pour nous de mettre à mal objectivement les affirmations de Maurten, par rapport à d’autres stratégies d’apport énergétique en compétition ou à l’entrainement. Mais la collaboration de la marque avec des athlètes de grande renommée, et notamment sur marathon où l’on connait toutes les difficultés à contourner ce fameux « mur » autour du 35e km (qui correspond à l’épuisement des réserves de glycogène dans l’organisme) est un gage de sérieux. De même que la collaboration avec certaines des plus grandes universités mondiales. En termes de goût et de facilité d’utilisation, les produits Maurten sont en tout cas une réussite. Et pour ce qui est du prix de vente, il est un peu plus élevé que la moyenne si l’on tient compte du prix pour 100 g, et largement plus élevé si l’on tient compte du prix par portion. Néanmoins, il ne faut pas oublier que la consommation de Maurten se suffit à elle même en cours d’effort et ne nécessite pas d’autre apport.

BOISSONS ET GEL MAURTEN 
NOTE : *****
Les + : goût neutre, facilité d’emploi, efficacité sensible
Les – : prix 
Boisson 320 : maltodextrine, fructose, pectine, alginate de sodium, chlorure de sodium. 80 g de glucides soit 320 calories facilement assimilables.
44,80 € les 14 portions (soit 7 litres).Boisson 160 : maltodextrine, fructose, pectine, alginate de sodium, chlorure de sodium. 40 g de glucides soit 160 calories facilement assimilables.
39,20 € les 18 portions (soit 9 litres).GEL 100 : eau, glucose, fructose, carbonate de calcium, acide gluconique, alginate de sodium. 25 g de glucides soit 100 calories facilement assimilables par portion.
40,20 € les 12 gels

Sans colorants, sans conservateurs.

Contact : maurten.fr

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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