#DakaRecord : le vélo de Stéven Le Hyaric

Stéven Le Hyaric vient de boucler une aventure hors du commun – record du monde à la clé – en bouclant la distance entre Paris et Dakar à vélo (5622 km) en 20 jours pour sensibiliser l’opinion public sur les effets du réchauffement climatique. Au-delà d’une aventure humaine fantastique, faisons un focus sur la machine qui lui a permis de réaliser un véritable exploit athlétique.

Par Guillaume Judas – Photos : @Erisphere

285 km par jour pendant 20 jours consécutifs : c’est la distance qu’à dû parcourir Stéven Le Hyaric pour relier Paris à Dakar, en traversant la France, l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie avant d’arriver au Sénégal. Des plaines ventées et humides du centre et de l’ouest de la France au Sahara occidental, en passant par les montées raides du Pays basque, les chemins de gravel du nord-ouest de l’Espagne ou le franchissement du Moyen Atlas au Maroc, il lui fallait un vélo solide et pratique, adapté aux exigences du terrain qu’il allait rencontrer.

Stéven Le Hyaric a souvent dû rouler de nuit pour boucler ses étapes.
La bio de Stéven Le Hyaric

32 ans
Coureur cycliste Elite de 2005 à 2010
Marathonien/Traileur
Triathlon Ironman (Nice 2015 et AlpsMan 2016)
Aventurier
Site web : stevenlehyaric.net

Des ajustements spécifiques

C’est un Bergamont Grandurance en aluminium qui a été choisi par Stéven Le Hyaric en collaboration avec la marque, et prêté par celle-ci pour la saison. « J’avais déjà roulé sur un Bergamont lors de ma précédente aventure il y a un an, Rêves d’Himalaya (2000 km et 90 000 m de D+, 20 cols à plus de 5000 m, 2 cols à plus de 6000 m sur la plus haute route du monde, le Great Himalaya Trail), commence Stéven Le Hyaric, et j’avais été très satisfait de la fiabilité du vélo. » Un montage de milieu de gamme en Shimano 105 avec des freins à disque hydrauliques, des braquets de 50-34 et de 11-32 en 11 vitesses, agrémenté de quelques ajustements propres à la spécificité de l’aventure.

Les deux bidons d’un litre étaient indispensables pour affronter les rigueurs du désert.

« J’ai choisi une roue arrière Mavic Allroad associée à une roue avant avec un moyeu à dynamo Shutter Precision PL-8, pour plus de sécurité, avec une jante Bergamont, poursuit l’aventurier. Au niveau de l’éclairage, comme j’ai souvent roulé de nuit, je disposais d’une lampe Busch+müller associée à la dynamo, et de lumières additionnelles Kriptonite. Pour les pneus, grosse satisfaction avec les Challenge Strada Biancha en 33 mm, résistants et avec une assez faible résistance au roulement. Je n’ai crevé que deux fois en Espagne sur des parties en Gravel, et rien sur le reste du parcours. Pour la selle, je me suis laissé séduire par Selle Idéale, une fabrication française à la main de qualité, qui si elle m’a paru un peu raide au départ, s’est formée à ma morphologie.»

La selle Idéale s’est révélée une excellente surprise.

« En plus des pédales Look X-Track Enduro (les mêmes que pour l’Himalaya), je roulais en chaussures de VTT Mavic CrossMax Elite CM pour pouvoir marcher, lorsque je m’arrêtais pour me ravitailler ou pour aller au contact de la population. » 

Chaussures et pédales de VTT ont été choisis pour leur polyvalence.
L’aventurier a été globalement très bien accueilli par les populations locales.

« J’ai rajouté au vélo un prolongateur Profil Design pour le confort et pour pouvoir y installer mes deux Garmin : un 1030 pour le suivi de parcours et les infos sportives (et aussi télécharger tous les soirs mon parcours de la journée sur Strava, et un InReach pour la géolocalisation par satellite, le suivi de ma trace en direct sur mon site et l’envoi automatique de SOS le cas échéant. Cintre, potence et tige de selle étaient en aluminium avec des composants de la marque Thomson. »

Le traceur GPS permettait de suivre en direct l’évolution de son parcours.

Bagages minimum 

« J’avais quatre sacoches en tout, dont la plus grande de 19 litres placée à l’arrière. J’ai emmené un minimum d’affaires, avec seulement deux maillots, deux cuissards, une veste à manches longues, une protection contre la pluie et des gants longs. J’ai lavé mes vêtements quatre fois seulement car la nuit, même dans le Sahara, est froide et humide, et les vêtements ne sèchent pas. Au maximum j’ai roulé quatre jours de suite avec les mêmes vêtements. Avec le sable, ce n’était vraiment pas agréable, mais au bout d’un moment dans une telle situation, on redéfinit nos priorités. »

Outils, fils de connexion, papiers, téléphone et ravitaillement étaient disposés dans les sacoches avant.
Selon les horaires et le type d’hébergement, il n’a pas toujours été facile de nettoyer le linge.

« Pour les appareils électroniques, je me débrouillais pour les recharger tous les soirs chez l’habitant ou en auberge, avec ma batterie externe et plusieurs ports USB. Question pratique, j’achetais une carte Sim par pays traversé, mais j’ai été étonné par la qualité de la couverture 4G tout au long de mon parcours, sauf peut-être en Mauritanie. Mais au Maroc par exemple, le développement des moyens de communication semble essentiel pour le gouvernement. Plus en tout cas que le recyclage des déchets.

Cette aventure n’est pour moi que le point de départ d’un projet plus ambitieux encore, pour sensibiliser l’opinion public sur le dérèglement climatique.

Car cette aventure n’est pour moi que le point de départ d’un projet plus ambitieux encore, pour sensibiliser l’opinion public sur le dérèglement climatique, et la désertification de certaines régions du monde. Je projette de parcourir 6 déserts sur 6 continents en 6 mois à vélo. Le projet 666. En Mauritanie, j’ai vu des champs entiers de déchets plastiques. Inutile de préciser que le tri sélectif n’est pas la priorité d’une population qui pense déjà à survivre quotidiennement. Au Maroc, on part du principe que ce qui ne se voit pas n’existe pas. Donc on brûle, avec les rejets de CO2 qu’on imagine. »

La population du continent africain n’est pas toujours sensibilisée au tri sélectif, ni à la dégradation de l’environnement.
Au Maroc « tout ce qui ne se voit pas n’existe pas ».

Une préparation perturbée

Au total avec le chargement, le vélo de Stéven Le Hyaric approchait les 20 kg. Difficile à emmener dans les montées raides du Pays basque ou en traversant le Moyen Atlas, mais suffisant pour rouler à bonne allure sur le plat, avec une vitesse de croisière quotidienne autour de 27-28 km/h, malgré la fatigue accumulée jour après jour. 

Certaines zones dans le Sahara occidental sont très hostiles, avec très peu de points de ravitaillement.

Stéven Le Hyaric a néanmoins dû composer avec une douleur au genou dès son entrée en Espagne, n’hésitant pas à montrer sa détresse en direct sur les réseaux sociaux. « Je voulais montrer la réalité du terrain, celle qu’on rencontre forcément sur ce genre d’aventure un peu extrême. des moment d’euphorie, mais aussi de profonds découragements. Ces vidéos en live m’ont finalement beaucoup aidé, grâce aux réactions bienveillantes et aux encouragements de ceux qui me suivaient quotidiennement. Ma préparation a été perturbée par une fracture de l’omoplate moins de cinq semaines avant le départ, et je n’ai pas pu rouler comme je le souhaitais en amont du projet. Et puis je me suis rendu compte en Espagne que je roulais avec des manivelles de 170 mm, alors que ça fait des années que j’utilise des 172,5. Mais j’ai finalement réussi à gérer cette douleur, qui finissait chaque jour par disparaître après une bonne mise en route. »

Chaque jour, au départ, il a fallu composer avec la fatigue et les douleurs, notamment au genou droit.

La recherche de l’extrême

Ces péripéties restent toutefois secondaires par rapport à l’énergie déployée par l’aventurier pour boucler ses budgets entre chacun de ses projets. Et il en est de même pour la suite de l’aventure 666. « Je me suis appuyé sur l’aide de partenaires privés et d’une campagne de financement participatif pour pouvoir boucler ce #DakaRecord, et j’arrive tout juste à l’équilibre, alors que j’ai dû m’endetter personnellement pour Rêves d’Himalaya, précise Stéven Le Hyaric. Je dois financer mon voyage mais également celui des caméramans et le coût de leurs journées de travail pour la préparation d’un documentaire sur les effets du dérèglement climatique. Tout n’est pas encore bouclé pour la suite de 666. Il semble plus facile aujourd’hui de trouver des financements pour des très gros projets à plusieurs centaines de milliers d’euros que pour soutenir des projets tels que les miens. Je m’attends à vivre encore des moments difficiles et très forts aussi bien dans la préparation que lors de la traversée de ces déserts. Mais c’est comme cela que je me sens vivant. »

Bergamont Grandurance
Cadre : AL-6061, traitement thermique T4/T6, pattes 3D, axe traversant12x142mm, passage de cables interne
Groupe : Shimano 105 11v.
Freins : Shimano 105 hydrauliques, rotos de 160 mm
Développements : 50-34 et 11-32
Roues : Mavic Allroad arrière, et Bergamont avec moyeu Shutter Precision PL-8
Pneus : Challenge Strada Biancha 700×33

Selle : Selle Idéale
Tige de selle : Thomson Elite
Potence : Thomson Elite
Cintre : Thomson Elite
Prolongateur : Profil Design
Compteurs/GPS : Garmin 1030 et InReach
Pédales : Look X-Track Enduro
Eclairage : Busch+müller et Kriptonite
Poids : 20 kg

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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