VIDEOÉvidemment, remplacer la semelle intérieure par un modèle qui offre plus de soutien comme les Specialized Masterfit sur mesure rehausse un peu le poids global (+38 g pour la semelle), mais la différence reste identique quelle que soit la chaussure utilisée.
La cambrure de la semelle reste identique à celle des S-Works 7.
L’empeigne spectaculaire
Le plus impressionnant se situe au niveau de l’empeigne (ou de la « tige » selon l’appellation) avec une matière très fine et légère qui ressemble un peu à celle des sacs cabas réutilisables des supermarché.
Le Dyneema ressemble à de la toile plastique.
Vu de l’intérieur, le Dyneema est très fin.
Le Dyneema® est une fibre de polyéthylène jusqu’à 15 fois plus résistante que l’acier, avec une capacité d’absorption de l’énergie élevée et une très faible élongation. Cette fibre se montre très résistante à l’abrasion et à l’humidité, mais aussi aux rayons UV et aux produits chimiques. Il en résulte une matière qui épouse les formes du pied au serrage, et le maintient fermement, sans effet élastique et sans points de pression.
Les chaussures paraissent extrêmement souples au niveau de l’empeigne.
Seul l’avant pied est un peu plus souple et avec des capacités de déformation plus sensibles, comme on peut le constater à l’arrêt, avec des doigts de pied qui semblent pouvoir gigoter à l’envie.
Pour gagner du poids, Specialized a retiré ici la Toe Box (ou « boîte à orteils ») qui normalement protège et maintient l’avant du pied, créant ainsi une sensation curieuse d’être pied nu à l’intérieur de la chaussure.
Pas gênant en soi pour pédaler dans certaines situations comme nous le verrons plus loin, mais une sensation de danger ou d’exposition en cas de chute qui perdure même après plusieurs kilomètres.
Il est fort peu probable que les chaussures vous protègent en cas de chute, compte tenu de la finesse et de la souplesse de la matière.
Une molette Boa IP1 pour assurer le serrage.
Le maintien est assuré par une languette matelassée et plus rigide sur laquelle trône une seule et unique molette Boa . Le serrage est non seulement très efficace, mais également secondé par une structure spécifique du talon et du contour du cou-de-pied.
D’apparence souple, le talon bénéficie de renforts CubiTec et de Dyneema®, avec des propriétés non extensibles, qui viennent maintenir très fermement le tour de cheville lors du serrage de la chaussure.
Le contour de la cheville offre un maintien ferme et très efficace.
Un maintien solide, mais sans aucun point dur, qui se moule à la forme de l’arrière du pied. Cycliste depuis 35 ans et après avoir essayé des dizaines et des dizaines de paires de chaussures, j’ai rarement ressenti un lien à la fois si ferme et si confortable à ce niveau-là !
Surprenantes, les S-Works Exos offrent des sensations différentes par rapport aux chaussures habituelles.
Pour quel usage ?
Plusieurs questions se posent à nous au moment d’effectuer nos premiers kilomètres avec les S-Works Exos. D’accord, la connexion entre le cou-de-pied et la chaussure une fois celle-ci ajustée et serrée semble exceptionnelle . D’accord, la languette sur laquelle reposent la molette Boa IP1 (garantie à vie) et les fils de serrage se comporte comme une plaque qui verrouille le pied dans le fond de la chaussure. D’accord, malgré les ouvertures, la semelle extérieure est annoncée comme presque aussi rigide qu’une autre semelle carbone haut de gamme.
Il faut quelques km pour se faire au maintien particulier des Exos.
Mais le gain de poids semble ici avoir été poussé très (trop?) loin , si l’on tient compte de la liberté accordée aux orteils dans la chaussure avec l’absence de Toe Box .
Commençons par la semelle intérieure, très légère et plus élaborée que 90 % des semelles fournies par la concurrence, mais insuffisante de maintien quand on a une voûte plantaire prononcée. Pédaler avec implique dans ce cas un affaissement du pied dans la chaussure. Il faut donc accepter un peu de poids supplémentaire, et remettre les mêmes semelles que nos chaussures habituelles.
Mieux vaut remettre les semelles intérieures habituelles (en haut), dans le cas par exemple d’une voûte plantaire assez creusée.
Sur les premiers kilomètres, nous continuons à être déstabilisé par l’absence de renfort à l’avant de la chaussure et par la partie extensible sur le dessus des orteils. C’est top pour le confort, vraiment, et cela apporte un sentiment de liberté étonnant. Parce qu’une fois ceux-ci occupés à appuyer lors du pédalage, on ne pense plus trop au fait qu’il peuvent bouger librement.
En revanche, lors des relances, des passages en force et en danseuse, et partout où il faut tortiller un peu le vélo pour ne pas perdre trop de vitesse, cette souplesse extrême à l’avant supprime comme un point d’appui . C’est étonnant et mériterait sans doute qu’on s’attarde avec beaucoup plus d’attention sur l’orientation des cales, car cette sensation montre que le pied cherche à se vriller dans la chaussure dans certaines situations.
Un bon serrage est ici indispensable.
Vient ensuite la question du serrage. Si les Exos semblent un peu raides à enfiler en raison des matériaux non extensibles qui entourent le cou-de-pied, il est ensuite quasiment impossible de pédaler, ou du moins pas plus efficacement qu’avec des Charentaises ou des tongs, sans serrer le Boa, tellement les matériaux sont souples autour du pied.
En tournant la molette, la chaussure vient peu à peu enserrer et s’appliquer contre le pied, progressivement et sans le moindre point dur ou de pression. C’est d’ailleurs à ce niveau-là que nous avons observé le seul « défaut » de finition des ces chaussures au prix exceptionnel : la couture entre l’intérieur de la languette et la tige laisse apparaitre un petit bourrelet  que nous savons pouvoir être responsable de coupures de la circulation sur le pied, lorsque le serrage est très fort.
Les coutures intérieures n’ont pas créé de gêne particulière.
Dans notre cas, malgré une grande sensibilité, plusieurs heures de selle n’ont pas confirmé nos craintes. Tant mieux ! Mais ce serrage du contour du pied ne va pas sans une languette qui remonte assez haut et qui, à défaut de blesser, pourrait perturber le mouvement de cheville de certains.
Pour ce qui est de la rigidité, la semelle semble effectivement un peu moins inflexible que les S-Works 7, mais c’est surtout sensible à l’arrêt (ou en marchant). En pédalant, on ne sent pas la semelle fléchir , ni même les contours de la cale comme cela arrive parfois (avec une impression de légère flexion au niveau de la partie arrière de la cale, ce qui n’est pas le cas ici).
Les Exos apportent du rendement, mais à la condition de pédaler bien dans l’axe.
Et le poids alors ? Honnêtement, nous avons plus été surpris par le côté agréable et confortable des matériaux que par le bénéfice supposé apporté par le poids gagné sur les chaussures. On se sent effectivement plus libre, et, sans aucun doute, avec le pied moins enfermé les jours de grosse chaleur. La très bonne connexion entre le pied et la chaussure ne crée pas de douleur et donne la sensation d’être connecté au vélo, mais à la condition de pédaler bien dans l’axe.
On se sent effectivement plus libre, et sans aucun doute avec le pied moins enfermé les jours de grosse chaleur.
Lors d’efforts plus violents, la chaussure suit plutôt les mouvements du pied qui cherche à se vriller légèrement, plutôt que de le guider, ce qui à défaut d’être réellement handicapant sur le plan chronométrique, est un peu surprenant. C’est sur un sprint, par exemple, qu’on ne se sent plus vraiment dans le coup par rapport à des chaussures haut de gamme habituelles, par manque de rigidité latérale, et un avant-pied qui se balade un peu trop.
Alors disons que pour tous les efforts lissés, les grimpées de cols en gérant l’intensité, les efforts linéaires et en dessous de 350/400 watts, les S-Works Exos font très bien le boulot en plus d’apporter un confort de très haut niveau. Et peut-être même qu’elles permettent d’économiser quelques watts sur la longueur, grâce à leur poids plume (rendez-vous compte : 136 g !).
Des watts qui peuvent être bien utiles en fin d’épreuve ou en fin de parcours au long cours. Par contre, elles ne nous semblent pas tout à fait adaptées à un usage en compétition, avec de fréquentes relances, des sprints, et des pics de puissance répétés . Alors nous apprécions assurément l’exercice de style, et notons même que compte tenu de la technicité de produit, le prix de 499 € nous parait moins exagéré que certaines versions en édition limitée de la S-Works 7.
Les + : poids, confort, serrage du cou-de-pied
Les – : absence de Toe Box, manque de maintien latéral
Conception : Semelles carbone FACT Powerline™, mesh Dyneema®, système de serrage BOA IP1, écrous de serrage de cales en alliage titane, talonnettes remplaçables par une simple vis, chaussant Form Fit avec avant pied WarpSleep
Poids : 136 g (pointure 39)
Coloris : Blanc/gris, noir/gris
Prix public : 499,90 €
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ADRIS SPEEDLINE 9.5
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