Par Jean-François Tatard – Photos : Grook Da Oger / Pixabay / Creative Commons / DR
Lorsque que vous pratiquez le sport assidûment, cela présente bon nombre d’avantages. Si vous êtes comme moi et que vous êtes parallèlement un bon vivant, cela vous permet notamment de vous resservir à la cantine plus que de raison. Et sans que cela modifie nécessairement votre poids sur la balance. Surtout s’il s’agit de protéines animales. Vous connaissez d’ailleurs la raison du succès du controversé Docteur Dukan avec son assiette (quasi) exclusivement composée de protéines ? Parce que cela parait facile et agréable à suivre au premier abord. Néanmoins, prenez garde, manger sans limite n’est pas sans risque… Quelles sont les conséquences de cette mauvaise habitude qui consiste à consommer trop de protéines animales ? Quels sont les risques à moyen terme ? Pourquoi est-il aussi crucial de diminuer les viandes dans son alimentation ?
Le régime hyperprotéiné
On en a tous entendu parler… Le principe du régime Dukan est basé sur celui du régime qui favorise les protéines au détriment des glucides et des lipides. C’est donc un régime hyperprotéiné et donc hypocalorique. La forte réduction de l’absorption de glucides et de lipides oblige le corps à puiser dans ses réserves de graisse pour faire fonctionner les muscles. Le corps va ainsi fabriquer des corps énergétiques qui devront être filtrés par les reins. Les réserves de graisse vont donc fondre et libérer des acides gras dans le sang, ce qui fera davantage travailler le foie et les reins. Ce régime nécessite donc de boire beaucoup plus que d’habitude.
Les menaces
L’état de cétose s’installe rapidement. Un suivi de ce régime est de nature à porter atteinte rapidement aux reins et au foie. Et là où se situe la plus grande menace c’est que ce régime ne prévoit pas de restrictions quantitatives, mais uniquement des restrictions qualitatives. Il n’y pas donc pas de sensation de faim. Et c’est encourageant parce que la perte de poids peut souvent être spectaculaire. J’ai déjà vu des cas où l’individu perdait un kg par jour sur une semaine dans la première phase.
La plus grande menace c’est que ce régime ne prévoit pas de restrictions quantitatives, mais uniquement des restrictions qualitatives. Il n’y pas donc pas de sensation de faim.
Néanmoins, ce genre de régime peut provoquer dans certains cas de graves effets secondaires par formation de cristaux d’urate notamment dans les pieds et les mains. Cela a pour conséquence de « simples » douleurs articulaires jusqu’à la crise d’arthrite aiguë qu’on appelle la goutte.
L’acide urique et ses excès
La goutte est donc une maladie dégénérative née d’une surcharge d’acide urique. Avez-vous déjà lu le livre de Honoré de Balzac dans La Comédie Humaine ? Comme le père Goriot, les plus menacés sont les amateurs de bonne chère. Il faut savoir que l’acide urique provient de la digestion des purines présentes dans les protéines animales. La substance passe ensuite dans le sang et là tout est question de concentration. En dessous de 70 milligrammes par litre, l’acide urique est majoritairement évacué par les urines. Au-delà de 70 mg/l, cela forme des petits cristaux à l’origine de terribles poussées inflammatoires. On parle de « crises de goutte » pour les douleurs de type articulaire.
Un impact sur les muscles
Les articulations ne sont pas les seules à souffrir. Les muscles aussi souffrent d’une accumulation d’acide urique. L’excès d’acide urique est souvent la cause de claquages et de tendinites. Et le pire à craindre c’est la formation de calculs rénaux ou urinaires.
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Et savez-vous qui sont les plus touchés ? C’est curieux mais ce sont souvent ceux à qui on s’attend le moins. Et notamment les marathoniens. Le Docteur Mazaud ancien médecin du Tour de France nous rapporte qu’on trouve cinq fois plus de ces fameux calculs parmi les marathoniens que dans la population générale.
Les répétitions d’intensités courtes et intenses tirent également les taux vers le haut.
Si on peut parler d’un phénomène, l’explication est à aller chercher au niveau de la déshydratation qui caractérise souvent l’entraînement ou la compétition. Imaginez que vous vous entraîniez en salle sur tapis de course ou sur home-trainer. Les concentrations sanguines d’acide urique augmentent ainsi de façon phénoménale à ce moment-là. Vous ne buvez pas et vous transpirez pourtant de façon spectaculaire. Les répétitions d’intensités courtes et intenses tirent également les taux vers le haut.
Je vous fais par exemple partager ma prise de sang qui a affolé le médecin. La poussée impressionnante d’acide urique s’explique par une addition d’erreurs : manque d’hydratation, entraînement quasi exclusivement en salle (sur tapis ou home-trainer), intensités élevées, et une alimentation excessivement riche en protéines et bien trop pauvre en glucides. Sans compter que la plupart de mes plats sont allègrement assaisonnés de Viandox et de levure de bière Gerblé. Heureusement que je ne suis pas alcoolique, j’aurais obtenu le tiercé dans l’ordre…
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L’alcool, l’autre ennemi
Le Docteur Mazaud me disait qu’il existe un autre sport dans lequel on atteint des taux d’acide urique record. Le rugby. Même chez les pros. Les erreurs, ils les accumulent en plus d’une alimentation bien trop riche en protéines et pauvre en glucides, avec les troisièmes mi-temps qui sont bien trop arrosées. Or, l’alcool favorise la déshydratation. Et enfin dernier poison : la prise préventive d’aspirine à l’effort contribue, elle aussi, à une augmentation du taux d’acide urique.
Les solutions
Bon, il est temps de se prendre en main. Tout n’est pas perdu. Restent encore des courses à gagner et des records à battre. Ainsi, pour remédier à cette situation :
- Cela semble évident mais on va d’abord reprendre l’habitude de boire de l’eau de façon régulière tout au long de la journée. C’est cognitif mais trois petites bouteilles de 50 cl sont bien plus simple à assimiler qu’une grande bouteille de 1,5 l.
- On terminera chaque entraînement par un ou deux verres de Saint Yorre. Pourquoi ? Eh bien parce que cette eau est bien plus riche en bicarbonates, par rapport à une eau ordinaire. Elle combattrait ainsi efficacement l’acidose et donc permettrait d’éviter l’augmentation d’acide urique.
- On va ainsi mettre en place une cure de diurèse et ainsi boire plus de 2 litres/jour (eau bicarbonatée de Vichy comme la St Yorre mais aussi de l’eau non gazeuse : Evian, Vittel, Contrexeville, thés, tisanes) afin de continuer à éliminer beaucoup.
- Quand il s’agira de boire pendant l’entraînement, on augmentera la quantité d’eau également. Surtout dans les contextes qui favorisent la sudation.
- On pressera deux demi citrons (un vert et un jaune) chaque matin qu’on homogénéisera avec de l’eau tiédie. Cela permettra de contrôler l’acidité en la neutralisant partiellement.
- Enfin… On va soigner l’alimentation. On va vérifier quels sont les aliments qui favorisent l’augmentation de la concentration en acide urique dans le sang et on va les éliminer ou au moins les réduire.
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Les aliments à éviter
Certains aliments, vous l’aurez compris, sont porteurs de purines. Voici une liste de ceux dont il faut se méfier :
- la viande rouge
- Les abats
- la charcuterie
- les viandes ou poissons séchées (ou fumées) ;
- les bouillons cubes (330 mg de purines pour 10 g soit l’équivalent d’une portion d’abats) ;
- les alcools forts
- la bière (même sans alcool : la levure de bière apporte 300 mg de purine pour 10 grammes)
- les sodas et jus de fruits riches en fructose.
Mais attention, certains morceaux de viande blanche peuvent aussi afficher un taux élevé de purines. La viande rouge et les abats sont particulièrement à éviter, mais en réalité il faut prendre en compte le morceau de la viande pour établir sa richesse en purine. Par exemple, le filet mignon de porc affichera 146,2 mg d’acide urique pour 100 g alors que l’épaule n’en contiendra que 81,4 m’explique le Docteur Mazaud. Les produits de la mer sont aussi à surveiller, en particulier les fruits de mer et les petits poissons gras, comme les maquereaux et les sardines en boite.
Pour conclure
À tout âge, l’alimentation est un facteur de forme et d’équilibre. Mais à partir d’un certain âge, on doit y faire encore plus attention. Surtout que nos besoins et nos envies culinaires évoluent. Si nous devons résumer, il ne s’agit pas de tout éliminer ce qui semble menacer la santé. La clé c’est l’équilibre ! De l’équilibre et de la diversité avant toute chose… Dans l’idéal, cet équilibre alimentaire devrait être respecté quotidiennement, mais il peut l’être de manière hebdomadaire. Ainsi s’il vous arrive de faire des excès un jour, et c’est tout à fait sain, vous pourrez vous « rattraper » en adaptant vos repas de la semaine… Car la vie c’est aussi profiter !
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