Test des lunettes Rudy Project Defender

Par Pierre-Maxime BRANCHE – Photos : @3bikes.fr

 

Quand je croise des cyclistes sans lunettes, je me demande bien comment ils font. Personnellement, il m’est impossible, quelles que soient les conditions météorologiques, de rouler sans. Le soleil et sa luminosité m’aveuglent ; le vent et le froid me font pleurer ; la pluie me fait plisser les yeux au point de les avoir presque fermés. Partir sans lunettes me semble donc inconcevable. Elles font partie de mon kit d’entraînement indispensable, d’autant plus que, caché derrière mon verre, je me sens dans ma bulle, plus concentré sur les aléas de la route donc plus en sécurité, mais aussi plus protégé d’éventuels insectes ou bestioles qui auraient la mauvaise idée de vouloir m’éborgner.
Je prête donc une attention toute particulière à cet accessoire de performance et de style que j’aime si possible customiser en fonction de ma tenue. Cela tombe bien, ces Defender disposent de six coloris de tampons, soit largement de quoi trouver mon bonheur. Mais avant de décider des détails, voyons d’abord ce que propose ce tout nouveau modèle performance de la marque italienne, fondée à Trévise en 1985.

 

Massive mais ajustable

La Defender est une monture unisexe haut de gamme pour l’entraînement et la compétition. Sa structure en Grilamid est sportive avec des angles marqués et saillants qui englobent un écran extra-large. Le pont de la monture est très arrondi pour coller au plus près du visage et ainsi mieux protéger les yeux. Avec 141 mm de profondeur, 118 mm de largeur et 44 mm de hauteur, la Defender est massive mais elle n’affiche que 28 grammes sur la balance. Elle propose des branches ajustables et spécifiquement designées pour s’adapter aux différents modèles de casques. Elle est aussi équipée de coussinets pour le nez conçus en polymère souple pour une meilleure ergonomie et adhérence. D’autres inserts, les  »Bumpers », eux-aussi fabriqués en élastomères thermoplastiques souples, permettent de vous protéger le visage du bord des verres, notamment en cas de choc ou de chute. Positionnés sur le bas du verre du masque, ils sont disponibles en six coloris. Chouette ! Ce sont d’ailleurs eux qui donnent ce look si sportif et agressif à la Defender.

 

20 aérations pour la gestion de la buée

Le Power Flow est la technologie maison pour dissiper la chaleur et la buée. Pas moins de 20 aérations ont été placées au niveau des tempes, sur le pont avant, sur le verre et sur les bumpers pour avant tout optimiser la circulation de l’air mais aussi garder une efficacité aérodynamique sans perturber la vision. Celle-ci est assurée par un large masque optique qui offre une visibilité périphérique et profonde. Cette Defender se monte avec des verres photochromiques incassables ImpactX ou des lentilles RP Optics Multilaser, chacun proposés dans différentes teintes.

 

 

Le système Quick Change permet de changer votre type de verre en un clin d’oeil pour une gestion parfaite de la lumière selon les conditions. À noter que les cyclistes ou triathlètes qui ont une correction ophtalmologique peuvent intégrer un insert optique amovible avec le système RX-Compatibilité tout en bénéficiant du large champ de vision de l’écran. Sachez enfin que la Defender est également disponible dans une version exclusive en Graphène pour disposer d’un châssis encore plus léger, plus résistant et plus stable.

 

Protection impeccable

Depuis début janvier, nous avons roulé et couru avec la Defender en version Black Matte avec un écran ImpactX 2 Laser Black. En mains, ce modèle est très léger, la structure est semi-rigide, la hauteur et la largeur du verre sont impressionnantes. Un modèle agressif d’autant plus avec ces lignes et ces angles saillants qui ne sont adoucis que par l’arrondi du pont de la monture. Posée sur le nez, la structure remonte largement plus haut que les sourcils, elle descend bas sur les joues et atteint presque les tempes sur les côtés. On se sent totalement protégé et cette sensation est renforcée par un design qui épouse impeccablement la tête. Rudy Project parle de Total Comfort Fit, mais les visages un peu larges et/ou plats risquent de se sentir un peu à l’étroit, tellement l’ajustement est proche. Ceci-dit, cet ajustement est en partie réglable avec le positionnement des pads. Les embouts flexibles s’orientent facilement avec deux doigts pour positionner les branches sur les oreilles, de même que les pads nasaux. La tête peut bouger dans tous les sens, la Defender reste stable et bien en place. Un très bon point pour la course-à-pied.

 

 

Vision panoramique

La promesse d’un large champ de vision est tenue. L’impression de vision panoramique est bonne, même si quand on regarde au loin, l’oeil remarque tout de même la présence des bumpers jaunes fluo (dans notre cas) qui marquent donc une limite à ce champ de vision. Il suffit d’enlever les bumpers pour perdre cette limite et avoir l’impression d’un champ continu. La perception des couleurs, en basse et haute luminosité, est fidèle avec un filtre légèrement plus sombre que la réalité mais tout de même très proche. L’écran photochromique réagit parfaitement aux changements de lumière, notamment lorsque l’on passe d’une route à l’ombre à une portion très exposée comme ce fut le cas sur certaines de nos sorties en bord de mer. Si l’on est directement face au soleil, les yeux ne sont pas gênés, ce qui permet un pilotage, des trajectoires ou une pause des appuis précis. Cet écran très large offre également une excellente protection contre le vent sur une grande zone autour des yeux, notamment sur les côtés lorsque l’on tourne la tête pour un changement de direction ou simplement pour admirer le paysage, grâce au design très profond du verre et de la monture sous les branches. De même, aucune chance que le vent de face ne s’infiltre sous les lunettes et ne viennent vous gêner, la structure descendant suffisamment bas sur les joues.

 

Des pads qui manquent de souplesse

Très stable grâce à ces embouts de branches et nasaux en thermoplastique souple qui agrippent bien la peau, la Defender n’est cependant pas des plus agréables lorsqu’il s’agit de la positionner. C’est notamment vrai lors de la première utilisation lorsque vous réglez les embouts. Ce matériau frotte de manière un peu brute sur les tempes et sur le nez et il gagnerait à être un peu plus doux. Si l’on écarte trop les pads, le nez se retrouve en contact avec la structure en Grilamid, ce qui n’est là-encore pas très confortable. Il faut trouver le bon positionnement, mais cette Defender gagnerait en confort de maintien avec un matériau plus travaillé ou peut-être tout simplement plus souple. Après une sortie de trois heures de vélo, une fois enlevée, on sent une très légère sensibilité aux points d’appuis. Pas de quoi être blessé, mais s’il faut enchaîner derrière avec de la course à pied comme en triathlon, une sensibilité avec l’ impact des appuis pourrait devenir gênante.

 

Parfaite ventilation

En revanche, là où la Defender est sans concession, c’est bien dans la gestion des flux d’air et donc la dissipation de la buée. Le système Power Flow, composé de 20 aérations (6 sur les verres, 8 sur le pont, 4 sur les bumpers et 2 dans les branches), joue parfaitement son rôle pendant l’effort et à l’arrêt. Durant l’effort, la vision n’est pas du tout gênée car les flux d’air supérieurs passent au niveau du pont de la monture positionné haut sur le front au-dessus des sourcils tandis que les flux inférieurs sont déviés par les orifices des bumpers situés sur le côté. Pour être totalement éprouvé, ce système mériterait un test sous des températures élevées estivales. Il faudra attendre, mais dans nos conditions actuelles d’entraînement, le Power Flow a parfaitement ventilé la Defender pour garantir un écran sans buée même en course-à-pied dans des répétitions de côtes et quand les flux sont bien moins importants qu’en cyclisme.

 

Customisable à souhait

C’est l’un des autres points forts de Rudy Project et de cette Defender : la possibilité de changer l’écran en quelques secondes pour choisir la taille et le type de lentille qui vous conviennent le mieux mais aussi en fonction des conditions de luminosité. Déjà présent sur d’autres montures, le système Quick Change est ultra simple à utiliser puisqu’il suffit de tirer légèrement sur les côtés du pont pour décrocher l’écran et le remplacer. Pour un total look, vous pouvez adapter la couleur des embouts de branches et des pads de nez, tout comme les bumpers qui sont amovibles et donc interchangeables. Positionnés sur le bas de l’écran et conçus en thermoplastique souple pour amortir les chocs en cas de chute ou d’écrasement, ils ont tout de même un petit inconvénient sécurité, à vélo notamment. Lorsque vous tournez la tête et regardez du coin de l’oeil pour vérifier si un véhicule arrive derrière vous, cette petite pièce qui s’élargit sur l’extrémité latérale du verre cache en partie l’angle mort du fait de son positionnement très reculé. C’est flagrant lorsqu’on utilise la Defender sans ses bumpers car la visibilité est alors bien meilleure. C’est peut-être moins important en course, mais à l’entraînement, au milieu de la circulation, chaque détail a son importance.

 


Mais utiliser la Defender sans ses bumpers de couleurs, c’est l’amputer de sa signature et de son style caractéristique. Il n’empêche, malgré un défaut de confort au niveau du pad nasal et des embouts de branches, cette Defender est performante en termes de champ de vision, de protection et de ventilation. Elle s’adresse aux cyclistes et triathlètes qui aiment une large et totale protection des yeux. Montées avec des verres photochromiques ImpactX 2, il faudra tout de même débourser près de 250 euros pour vous les offrir.

 

Lunettes RUDY PROJECT Defender Black Matte ImpactX 2 Laser Black
Note : ****
Les + : vision, protection, circulation de l’air, look
Les – : confort des appuis, angles morts, prix
– Structure : Grilamid
– Dimensions (mm) : 141(P)x118(l)x44(H)
– Poids : 28 g
– Écran : ImpactX Photochromiques 2 Laser Black
– Technologies : Power Flow, Quick Change, Safety Project, Total Comfort Fit.
PRIX PUBLIC CONSEILLÉ : 245 €
CONTACT : www.rudyproject.com

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Pierre-Maxime Branche

- 41 ans - Journaliste professionnel depuis 2004 en presse sport spécialisée et information générale. - Pratiques sportives actuelles : triathlon & fitness. - Instagram : pierre_maxime_branche

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