Test du home-trainer interactif Elite Drivo II

Par Guillaume Judas – Photos : @Sylvain Pigeau – 3bikes.fr

Pas de révolution mais quelques évolutions pour cette deuxième génération du Drivo : un changement de couleur (le noir est plus esthétique que le blanc du précédent modèle et les saletés ou autres traces de projections d’huile se voient moins), une conception des pieds plus pratique pour assurer aussi bien la stabilité de l’engin qu’un rangement facile, et un capteur de puissance intégré annoncé avec une précision de +/- 0,5%, ce qui en ferait l’appareil le plus précis du marché. Le Drivo II concurrence d’autres modèles très prisés par les « geeks » du vélo, comme le Tacx Neo Smart ou le Wahoo Kickr. Il est légèrement plus haut de gamme que le Direto, même si, pour avoir utilisé les deux appareils de manière épisodique, nous pensons que la différence n’est pas flagrante.

Disons que le Drivo II fait plus « solide », et qu’il bénéficie en plus d’une poignée sur sa partie supérieure bien pratique pour le déplacer (au lieu d’être sur le côté). D’ailleurs, avec un poids équivalent (21 kg tout de même), il semble au premier abord moins lourd car le poids est réparti différemment avec un centre de gravité plus bas. Et contrairement à son petit frère, il ne nécessite pas de support pour la roue avant. Pour le reste, la différence se justifie surtout pour ceux qui font du home-trainer une base essentielle de leur préparation, qui voient dans la précision de la puissance une donnée indispensable à l’entrainement, ou qui roulent sur des parcours virtuels. Car il faut bien admettre que la réactivité de l’engin, capable de simuler une pente de 0 à 24 % en trois secondes est vraiment étonnante.

Un peu de montage

Contrairement au Wahoo, le Drivo II demande un peu de montage une fois sorti du carton. Rien de bien sorcier, surtout que les clés nécessaires sont fournies pour installer les pieds. Un petit quart d’heure suffit. En revanche, comme tous les home-trainers à entrainement direct, il demande l’installation d’une cassette, dont il faut donc disposer, ou acquérir si vous n’avez qu’un vélo et une paire de roues. Idem pour les outils obligatoires au montage et au démontage de la cassette.

Pour ceux qui ne seraient pas encore au fait des dernières technologies en la matière, prévoyez les mêmes dentures que sur la route. 

Pour ceux qui ne seraient pas encore au fait des dernières technologies en la matière, prévoyez les mêmes dentures que sur la route. Vraiment. Car si vous comptez simuler un parcours avec des difficultés, vous risquez de vous en souvenir. Le Drivo II n’est pas un aimable rouleau pour tourner les jambes, mais bien un appareil d’entrainement de haut niveau.

Au niveau de la fixation du cadre, il reste à choisir entre un blocage rapide (fourni) ou un axe traversant pour les vélos avec des freins à disque. Et comme ces derniers ont un entraxe supérieur à celui des vélos à freins à patins, une bague est prévue à cet effet. Une fois le home-trainer monté et les pieds dépliés, on le place idéalement sur un tapis dédié (accessoire en option), qui a l’avantage de réduire les vibrations et de préserver le sol de l’appartement si on utilise le même vélo qu’en extérieur le reste du temps. Ce tapis est d’ailleurs prévu relativement large, car le Drivo II, tout comme le Direto d’ailleurs, est le home-Trainer qui prend le plus de place sur le marché, une fois en état de marche (environ 85 x 85 cm).

Notons enfin que le Drivo II est fourni avec un capteur de cadence supplémentaire à placer sur le vélo, mais dont nous n’avons pas compris l’utilité, puisque les informations de cadence délivrées par l’appareil et transmises sur l’ordinateur se sont révélées parfaitement équivalentes à celles transmises par le pédalier et enregistrées sur le compteur, comme nous le verrons plus loin.

Compatible avec toutes les connexions

Pour fonctionner en tant que Smart Trainer, le Drivo II doit être branché à une prise électrique. Néanmoins, il est aussi accessible sans branchement, fournissant une résistance largement suffisante pour un échauffement soutenu avant une course par exemple. Cette résistance est simplement exponentielle avec le braquet et la cadence de pédalage employés, l’appareil ne fournissant aucune information dans ce cas-là. Ne vous éloignez pas trop d’une prise, car le fil d’alimentation mesure 2,80 m. Cela reste bien entendu suffisant dans la plupart des appartements, mais parfois moins pratique pour ceux qui roulent dans le garage.

Une fois branché, l’appareil indique par un petit bruit qu’il est sous tension, ainsi que par la présence de diodes lumineuses. La rouge indique que l’appareil est allumé, les deux autres la connexion en ANT+ et/ou en Bluetooth avec des appareils compatibles. Concrètement, il communique avec n’importe quel ordinateur, smartphone ou tablette en Bluetooth, et en ANT+ avec un compteur Garmin par exemple. Il peut bien sûr également communiquer avec les appareils cités plus haut en ANT+, mais à la condition de disposer pour eux d’une clé ANT. En ANT+, il envoie des informations de puissance, de cadence et de vitesse sur le compteur. Mais si tout semble cohérent par cette voie pour les deux premiers éléments, la vitesse (et donc la distance de la sortie) est totalement fantaisiste sur un Garmin 820, sans que nous ayons pu comprendre le problème. Qu’importe, car au final nous nous sommes servis du Garmin pour comparer la puissance délivrée par le pédalier avec celle du Drivo II sur diverses applications. Pour le reste, le Drivo II est compatible avec tous les logiciels ou applications à la mode, comme Zwift, TrainerRoad, Bkool, Rouvy, ou Kinomap par exemple. À commencer par l’application Elite MyE-Training, disponible pour PC, Mac, tablette ou smartphone

L’application Elite est le point faible du Drivo II

Le home-trainer est fourni avec un code d’activation pour un abonnement de 36 mois à l’application. Celle-ci sert d’abord à étalonner le capteur de puissance. Pour ceux qui ne sont pas férus de technologie, il faut bien admettre que MyEtraining n’est pas vraiment ergonomique, avec des explications peu claires. Pour l’étalonnage par exemple, le processus passe par une dizaine de minutes de pédalage sans aucune barre d’avancement, et donc avec toujours le doute que la connexion ne fonctionne pas. C’était déjà le cas avec le Direto. Mais heureusement avec le Drivo II, celle-ci n’est logiquement à faire qu’une seule fois.

Pour le reste MyEtraining permet de suivre des séances programmées avec la puissance, de tracer des parcours virtuels, ou de suivre des parcours en vidéo. Reste que pour ce faire, disposant déjà d’un compte sur Bkool, nous avons préféré cette option, trouvant les fonctionnalités bien plus accessibles. Notez que chacune de ces applications (Zwift comprise) coûte autour de 10 € par mois. MyEtraining propose aussi des fonctionnalités avancées comme l’analyse du pédalage, mais que nous n’avons pas pu tester à cause d’un bug récurrent de l’application.

Puissance mode d’emploi

Nous pouvons retenir trois manières d’utiliser la puissance sur ce type d’appareil, délivrée par un capteur optique OTS, et calibré en usine :

  • La puissance fournie pendant l’effort en accélérant avec une pente neutre (comme sur la route et sur le plat) en entrainement « libre ».
  • La simulation d’une pente : relié à une application et à un parcours virtuel, le Drivo II simule les variations de pente (jusqu’à 24 %) et donc la résistance qui s’oppose au coup de pédale.
  • Le mode ERG : réglage d’un mode de résistance spécifique, quels que soient le développement ou la cadence que vous choisissez, l’appareil oppose la puissance choisie.

Elite revendique une résistance pouvant atteindre 2300 watts à 40 km/h, mais dans les faits ce n’est qu’un détail car c’est déjà une puissance difficilement atteinte par les meilleurs sprinters du monde sur quelques secondes. En revanche, si vous programmez une séance de ce type à partir d’une application en ayant les yeux plus gros que le ventre (par exemple une séance de 30/30 avec une puissance cible ou de X minutes à X watts), il est probable que vous ne puissiez pas atteindre le terme de la séance. Alors qu’en mode simulation, même dans un col escaladé virtuellement avec 10 % de pente, vous pouvez toujours ralentir, à la condition d’utiliser les braquets adéquats.

Si vous avez les yeux plus gros que le ventre,
il est probable que vous ne puissiez pas
atteindre le terme de la séance.

Concernant la précision du capteur de puissance intégré, nous avons choisi de comparer chacune de nos séances avec le capteur de puissance installé sur le vélo, et relié pour sa part au compteur Garmin en ANT+. Pour éviter les conflits, nous avons à chaque fois refusé l’appairage en ANT+ du Drivo II avec le Garmin (surtout que la vitesse indiquée se montre dans ce cas fantaisiste comme indiqué plus haut), et choisi le Bluetooth pour la connexion avec l’ordinateur. Que ce soit pour le calibrage des exercices ou la gestion de l’effort, aucun problème : les deux courbes de puissance se suivent, aussi bien sur un effort stabilisé que sur une accélération brusque.

La cadence est identique sur les deux écrans, alors qu’elle pouvait connaitre des soubresauts avec d’anciens Smart Trainer Elite (comme le Real Turbo Muin d’il y a quelques années), et qui dans ce cas nécessitaient l’usage d’un capteur de cadence supplémentaire pour plus de précision. À la fin de chaque séance, nous avons comparé les puissances moyennes obtenues avec le Drivo II sur Bkool et la capteur de puissance Quarq sur le Garmin, avec à chaque fois jamais plus de 2 watts de moyenne d’écart. C’est-à-dire presque rien. Et surtout, ce mode de comparaison est toujours limité par les pourcentages de précision des deux appareils (0,5% revendiqué dans le cas du Drivo II, et 1,5% revendiqué pour le Quarq). Autant dire que pour nous, c’est tout bon. Et tout à fait conforme à ce qu’on peut attendre d’un capteur de puissance précis pour s’entrainer correctement et évaluer les progrès d’une semaine à l’autre.

Le Drivo II est tout à fait conforme à ce qu’on peut attendre d’un capteur de puissance précis
pour s’entrainer correctement et
évaluer les progrès d’une semaine à l’autre.

Petit rappel avec la puissance sur home-trainer : comme nous l’évoquions dans notre sujet Comment choisir un home-trainer, la puissance développée sur ce type de séance est légèrement sous évaluée par rapport à un effort équivalent sur route. D’après Antoine Vayer, entraineur : « La puissance produite sur home-trainer est différente de celle de la route. Il n’y a pas les mêmes frottements ou résistance à l’avancement. La puissance sur home-trainer, qu’elle soit mesurée par le biais d’un capteur de puissance sur le vélo ou par l’appareil lui-même, ne peut être comparée qu’à la puissance sur home-trainer. Si vous tenez à définir un point de comparaison, il faudrait réaliser un test avec une fréquence cardiaque stable sur route et sur home-trainer, et essayer d’en ressortir un écart type.» Pour notre part, nous évaluons cette différence autour de 10% de puissance. Cela ne veut pas dire que les séances de home-trainer sont improductives. Mais les valeurs de PMA et de seuils sont inférieures à celles que l’on obtient sur route, et pour éviter que les séances soient trop dures et qu’au final elles ne produisent pas l’effet escompté, mieux vaut évaluer ces mêmes seuils dans les conditions réelles d’utilisation.

Le bruit

Comme ce type d’appareil est destiné à être utilisé en intérieur, mieux vaut en évaluer le niveau sonore. L’Elite Drivo II n’est pas le premier de la classe dans le domaine, bien loin derrière le Tacx Neo. Il faut d’abord composer avec le bruit de la transmission du vélo, mais qui n’est pas vraiment gênant en dehors d’une petite pièce. En revanche, lorsque sur un parcours simulé on augmente la vitesse sur du plat et/ou avec du braquet, s’ajoute un bruit de soufflerie dû à la courroie rainurée en lien entre le système de transmission de l’appareil et l’unité de résistance, qui oblige à monter le son de la télé.

Ce n’est pas obligatoirement lié à la puissance fournie, car sur des pentes simulées comme sur une montée de col à 300 watts, ou sur tout autre effort un peu en force, le bruit est tout à fait acceptable. Si vous roulez tard le soir ou tôt le matin, préférez donc du dénivelé pour ne pas déranger les voisins ou les autres occupants de la maison.

En situation

Testé sur MyEtraining puis sur Bkool plutôt que sur Zwift, le Drivo II s’est révélé totalement conforme à nos attentes. Zwift n’est pas tout à fait notre tasse de thé, mais nous y reviendrons peut-être plus tard avec l’avis d’un autre testeur de 3bikes.fr, d’abord pour le côté confrontation virtuelle avec d’autres utilisateurs qui ne roulent pas forcément avec des appareils aussi précis, et ensuite à cause d’une certaine inertie de l’application (lors des démarrages ou des changements de rythme). Bref, sur Bkool on peut soit créer des Workouts avec des séances programmées sur une distance, une difficulté avec des pentes choisies, ou en mode ERG avec des exercices à une intensité ciblée, soit courir sur un vélodrome, soit reproduire des parcours à partir d’une trace GPS et/ou d’une vidéo. Avec un ordinateur récent, le Drivo II est parfaitement et rapidement reconnu via le Bluetooth. La séance démarre sans inertie, et chaque variation de pente est directement ressentie sous les pédales, obligeant à jouer du dérailleur.

Sur le vélo, le rendu est naturel,
avec un pédalage sans à-coups.

Sur le vélo, le rendu est naturel, avec un pédalage sans à-coups. La roue avant (qui reste libre avec une direction qui n’est pas verrouillée) limite les risques de souffrance du cadre, et il reste possible de se mettre en danseuse avec un très léger mouvement de balancier ressenti dans ce cas. Nous avons simulé des parcours à partir de la trace GPS de sorties effectuées quelques jours plus tôt. Avec un niveau de difficulté ressentie équivalent, et un temps d’exécution proche de deux ou trois minutes sur deux heures. En simulant un parcours difficile en montagne (52 km et un peu plus de deux heures d’effort) nous avons comparé le temps d’ascension d’un col déjà gravi par le passé. 40 secondes d’écart (plus rapide) sur 9 km d’ascension : on peut dire que le mode de simulation est assez réaliste (« assez » car il ne prend pas en compte le vent ou le revêtement).

Pour les watts développés en revanche, on en revient à notre constat précédent. C’est un peu moins qu’en réalité, avec un niveau de difficulté ressenti équivalent. Cependant, on note des progrès notables et cohérents entre les premiers tests à la fin novembre et ces derniers à la mi-janvier. Là où une pente de 7% simulée sur le Drivo II paraissait difficile en début de période, elle semble beaucoup plus accessible 6 semaines plus tard, en rapport avec le niveau de condition physique. Idem avec le mode ERG, où nous avions dû renoncer en milieu de séance en début de période pour avoir été un peu trop ambitieux, alors que la même séance est passée sans trop de difficulté en fin de période.

Nous n’avons pas constaté de dérive des watts indiqués, toujours par rapport au capteur de puissance au pédalier, étalonné avant chaque séance. Le seul petit défaut qui subsiste sur le Drivo II par rapport à d’autres de ses concurrents sur le mode de fonctionnement virtuel concerne son impossibilité de simuler une descente. En gros, il faut se référer alors au calcul du logiciel utilisé pour délivrer une vitesse virtuelle cohérente. Mais en termes de pédalage, il vous sera impossible de mouliner avec le pignon de 11 dents sans forcer. Il n’est pas capable de simuler une pente négative. C’est finalement un détail, car c’est bien en mode ERG que l’appareil se révèle le plus impressionnant, avec une réactivité jamais vue jusqu’alors, par exemple pour passer d’une résistance à la puissance ciblée à la période dédiée à la récupération, et inversement.

L’Elite Drivo II est une franche réussite en termes de stabilité et de sensations délivrées, de même qu’au niveau de la précision du capteur de puissance intégré. Même si cette puissance reste relative à la discipline. Il suffit juste de le savoir, et de calibrer ses exercices en conséquence. Pour le reste, on apprécie son design, sa finition et son aspect pratique pour un appareil de ce type. C’est un outil d’entrainement très efficace. Pour le prix (élevé) de ce type d’appareil, on attend en revanche une application Elite plus ergonomique et intuitive et avec moins de bugs. Bref, un peu plus performante.

HOME-TRAINER ELITE DRIVO II
NOTE : **** 

LES + : capteur de puissance intégré précis, stabilité, finition, connectivité, compatibilités 

LES – : bruit à haute vitesse, application MyEtraining  

Caractéristiques :

– Précision du capteur de puissance : +/-  0,5 %
– Pente simulée : jusqu’à 24 %
– Volant d’inertie : 6 kg
– Technologie OTS pour gérer la puissance et la fluidité du coup de pédale 
РCompatibilit̩ : IOS Android, MacOS ou Windows
– Connexion : ANT+ et Bluetooth
– Fixations : 130 et 135 mm, avec adaptateur de 142×12 
– Corps de cassette : Shimano-Sram 9/10/11 vitesses, Campagnolo en option 
– Poids : 21 kg
– Application : MyETraining gratuit pendant 36 mois
PRIX PUBLIC CONSEILLÉ : 1 399 €

CONTACT : www.elite.com

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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2 commentaires sur “Test du home-trainer interactif Elite Drivo II

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