Test du capteur de puissance Shimano RC-9100-P

Enfin disponible après quelques longs mois d’attente, le capteur de puissance Shimano tient toutes ses promesses : une intégration parfaitement réussie sur le vélo, une installation et une utilisation simplifiées, ainsi qu’une fiabilité qui semble à la hauteur de la réputation Shimano. N’est-ce pas la plus simple définition d’un capteur de puissance abordable ?

Par Guillaume Judas : Photos : Irmo Keizer/DR

Le capteur de puissance Shimano ne rajoute que 65 g à un pédalier Dura-Ace.

Le capteur de puissance RC-9100-P se présente sous la forme d’un pédalier Shimano Dura-Ace 9100 (dernière génération), auquel sont intégrés un petit senseur sur la manivelle gauche et un petit boîtier logé entre deux branches du pédalier à droite. Il faut réellement un œil averti pour le distinguer d’un pédalier plus classique. Il s’intègre de ce fait parfaitement avec un groupe Dura-Ace mécanique ou Di2, un groupe Ultegra, et même avec un vélo avec un freinage à disque quand on sait que les nouveaux modèles Shimano sont tous prévus pour assurer une bonne ligne de chaine quel que soit l’entraxe du triangle arrière. Il se montre également discret en termes de poids : la technologie embarquée ne rajoute que 65 g (poids vérifié) au même ensemble manivelles/plateaux sans le capteur. En dehors d’un petit aimant qu’il est nécessaire de coller sur la base arrière droite du cadre pour mesurer la cadence de pédalage, rien d’autre ne dépasse. Alors que d’autres marques utilisent un accéléromètre pour calculer la cadence, Shimano fait le choix de conserver un aimant, pour plus de fiabilité notamment sur les routes à mauvais revêtement. 

Un montage aisé

Une pige est fournie pour le placement de l’aimant par rapport à la face intérieure du petit boîtier de commande sur le pédalier. Celui-ci s’installe comme n’importe quel modèle Shimano, sauf qu’il est nécessaire de connecter un fil de la manivelle gauche à la fiche présente à l’intérieur de l’axe, afin de relier les deux manivelles.

Une pige permet de bien placer l’aimant.
L’aimant se colle facilement et il tient très bien dans le temps.
Il se recouvre avec un petit capot de protection.

Rien de sorcier juste avant de serrer les manivelles normalement et d’installer un petit capot de protection. Le RC-9100-P est fourni sans plateaux, mais on connaît l’avantage de ces manivelles à quatre branches Shimano : le même entraxe permet de monter aussi bien du 53-39 que du 52-36 ou du 50-34. Le capteur de puissance ne nécessite aucune calibration spécifique lors d’un changement de plateau, puisque la mesure des contraintes s’effectue sur les manivelles. Sur le boîtier, on trouve un petit bouton et un Led, qui servent à vérifier l’état de la batterie, à réinitialiser le système ou à établir la connexion en Bluetooth avec un smartphone vers l’application E-tube Project. Celle-ci sert à connaître le niveau de charge de la batterie (située à l’intérieur de l’axe de pédalier et donnée pour 300 h de fonctionnement), à vérifier la calibration ou à détecter des problèmes de fonctionnement. Elle est très simple à utiliser même pour ceux qui ne sont pas férus de nouvelles technologies. La recharge s’effectue en soulevant le capot du boîtier et en insérant une fiche reliée au secteur. Il faut compter environ 2h30 pour une recharge complète. 

Un fil est aussi relié à la manivelle gauche.
Il faut le connecter au fil qui provient de la manivelle droite.

La mise en route

Deux tours de pédale en arrière suffisent pour réveiller le capteur, qui est alors détecté par n’importe quel compteur qui utilise le système de communication ANT. Shimano n’insiste pas sur ce point, mais il est conseillé de procéder à un étalonnage du point 0 avant chaque sortie, et ce avec n’importe quel capteur de puissance. Néanmoins, le RC-9100-P dispose d’un système interne de compensation de la température pour conserver sa précision quelles que soient les conditions rencontrées au cours de la sortie. La procédure d’étalonnage est très simple sur un compteur Garmin et ne prend que quelques secondes. Une fois sur la route, les informations indiquées par le compteur dépendent du paramétrage choisi des pages d’affichage. Vous pouvez, comme avec tout capteur de puissance voir la puissance instantanée ou lissée sur 3 ou 10 secondes, la puissance moyenne, maximale, normalisée, la charge de travail de la sortie, la puissance développée sur les circuits intermédiaires, etc. La différence la plus nette du Shimano avec la plupart des capteurs du marché concerne la répartition de la puissance entre les jambes gauche et droite, qui est ici réellement mesurée. En effet, le RC-9100-P dispose de deux capteurs indépendants, quand certains appareils mesurent la puissance dans l’axe (et donc sans la possibilité de déterminer s’il y a un déséquilibre de puissance), seulement sur la manivelle gauche (en multipliant simplement par deux la valeur de la jambe gauche) ou au niveau de l’étoile du pédalier, en considérant que la déformation de la première partie de l’étoile correspond à l’effort fourni avec la jambe droite, et que celle de la deuxième partie correspond à l’effort de la jambe gauche. Puisque nous disposons aussi d’un capteur de ce dernier type sur un autre vélo, nous pouvons comparer et remarquer que le Shimano nous fournit des valeurs moins avantageuse, c’est-à-dire avec un déséquilibre légèrement plus important entre les deux jambes. Par ailleurs, il peut également fournir les informations liées à l’efficacité du coup de pédale (ou la motricité en d’autres termes), ainsi que sa fluidité. Des données sur lesquelles il n’est pas évident d’agir, mais qui permettent en fonction du type d’effort et du terrain de connaître par exemple la cadence de pédalage la plus efficace.

Le capteur à gauche est très discret à l’intérieur de la manivelle.

Une précision de +/- 2%

Shimano revendique une précision de +/- 2 % pour son capteur de puissance. Concrètement, cela signifie que pour une puissance réelle fournie de 300 watts, la mesure peut fluctuer entre 294 et 306 watts. C’est sans incidence ou presque sur des efforts longs, puisque les petites imprécisions s’équilibrent, et même peu important sur des efforts de 30 secondes où il est de toute façon extrêmement difficile de se caler à 5 watts près. C’est seulement si vous visez un record de puissance maximale sur un sprint qu’il faut relativiser les valeurs. Néanmoins, comparé à d’autres capteurs de puissance que nous avons pu tester et à celui que nous utilisons régulièrement, toutes les valeurs sont cohérentes et en rapport avec notre condition physique. Même sur des sprints d’ailleurs, où chaque effort fait réagir le capteur et est visible sur le fichier lors de l’analyse de la sortie. La seule réserve concerne les pics de puissance très très brefs qui ne semblent pas toujours pris en compte par le Shimano. Ceci est sensible sur les relances ou en roulant au milieu de la circulation, et parfois au sein même d’un peloton. Cela ne change rien en matière d’entrainement proprement dit, mais modifie légèrement les valeurs de puissance moyenne sur l’ensemble d’une sortie, ou encore sur la répartition gauche/droite du pédalage (puisqu’on a tendance à souvent démarrer de la même jambe).

L’ensemble est fiable et discret.

La puissance indique des valeurs fluctuantes pendant des efforts soutenus et stables. Mais ceci est parfaitement normal car d’une part cela correspond à la réalité de la différence de pression sur les pédales (surtout sur le plat quand il y a toujours un peu de vent ou de légères variations de topographie), et d’autre part au type d’enregistrement du fichier. Un compteur Garmin propose par exemple un enregistrement de toutes les données (vitesse, fréquence cardiaque, puissance, cadence) toutes les secondes – ce que nous avons choisi – ou un enregistrement dit « intelligent » en fonction de la position sur la route. Dans ce dernier cas, les données de puissance vues sur le fichier sont plus lisses.

Une certaine sécurité

On le sait, la qualité d’un capteur de puissance se juge aussi sur la durée, sur la fiabilité des mesures et sur leur reproductibilité. Avec le Di2, Shimano ne manque pas d’expérience ni de crédibilité en matière d’électronique, et il ne fait aucun doute que si la marque japonaise lance sur le marché le RC-9100-P, c’est qu’elle est sûre de son fait et de la durabilité du produit. Un argument qui peut faire la différence au moment de choisir un capteur de puissance, avec un SAV reconnu comme efficace et réactif en cas de problème de fonctionnement. Une sécurité que l’on retrouve aussi au niveau du fonctionnement de la transmission. Il n’y a absolument aucune différence au moment de changer les plateaux ou les vitesses avec des leviers et dérailleurs Shimano par rapport à un autre pédalier de la marque. C’est encore plus évident pour nous qui utilisons le système Synchro-Shift en Di2 : le vélo conserve toutes ses caractéristiques originales sans aucun nouveau réglage, tout comme le pédalier conserve le QFactor habituel (écartement des manivelles). Enfin, si le prix peut sembler conséquent par rapport à d’autres systèmes de capteur de puissance (1499 € prix public), il ne faut pas oublier qu’il comprend un pédalier affiché pas loin de 600 €. Envisagé comme une option à un groupe Dura-Ace, le capteur de puissance RC-9100-P nous semble un investissement raisonnable, surtout si l’on tient compte des éléments primordiaux énoncés plus haut : simplicité, précision, qualité du SAV.

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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